Catatonie
Dernière modification : 18.12.2024
Le syndrome catatonique associe des signes moteurs, comportementaux et neurovégétatifs. Il peut engager le pronostic vital.
Sémiologie
La sémiologie du syndrome catatonique résulte d’une interaction entre trois groupes de signes et symptômes :
- des signes moteurs (immobilité, stupeur , mutisme , fixité du regard, repli sur soi, refus alimentaire, prise de posture , agitation psychomotrice, impulsivité, maintien d’expressions faciales inadaptées, stéréotypie, maniérisme , catalepsie , flexibilité cireuse , négativisme , oppositionnisme),
- des signes comportementaux donnant une impression de dépendance à l’environnement (comportements d’imitation, comportements d’utilisation, attitudes d’aimantation)
- et des signes neurovégétatifs.
Étiologie
Les étiologies du syndrome catatonique sont :
- neurologiques (encéphalites, tumeurs fronto-temporales, épilepsie, traumatismes crâniens et accidents vasculaires cérébraux),
- endocriniennes (hypo- ou hyperthyroïdie, hyperparathyroïdie),
- dues à des désordres hydro-électrolytiques (insuffisance rénale ou hépatique, acidocétose diabétique, hypercalcémie),
- dues à des carences vitaminiques (vitamine B1, B9, B12),
- dues à des intoxications médicamenteuses (stéroïdes, ecstasy),
- infectieuses (séropositivité au VIH),
- idiopathiques (probablement auto-immunes comme le lupus érythémateux systématisé, ou paranéoplasiques comme l’encéphalite paranéoplasique à anticorps antirécepteur N- méthyl-D-aspartate).
- psychiatriques (troubles de l' humeur dont la manie, troubles psychotiques, troubles neurodéveloppementaux).
Formes cliniques
- catatonie aiguë versus chronique,
- catatonie agitée versus stuporeuse,
- catatonie maligne qui se définit par une agitation psychomotrice nocturne et diurne avec insomnie , hyperthermie, rigidité musculaire puis épuisement pouvant conduire dans 10 à 20 % des cas au décès.
Diagnostics différentiels
Les diagnostics différentiels de la catatonie sont souvent des affections rares, ayant une certaine singularité pouvant bien les distinguer de la catatonie, et un traitement, étiologique comme symptomatique, qui leur est propre :
- certaines formes de la maladie de Parkinson
- le mutisme sélectif,
- l'hyperthermie maligne,
- certaines infections comme la rage ou le tétanos,
- le locked-in syndrome
- et plus rarement encore le syndrome de l’homme raide ou syndrome de Moersch-Woltman (rigidité du tronc fluctuante, présence de spasmes musculaires, sans opposition ni négativisme ; traitement symptomatique par lioresal)
Les auteurs divergent quant à la place du syndrome malin des neuroleptiques dans la catatonie . Étiologie, sous-type, diagnostic différentiel, tous s’accordent à dire que les deux entités sont du même spectre clinique et physiopathologique.
Évaluation
Le diagnostic du syndrome catatonique est avant tout clinique. Il s’agit même d’une urgence diagnostique, compte tenu du risque important de complications. Ce diagnostic peut se faire à l’aide de la classification du DSM-5 mais également en utilisant une échelle diagnostique parmi les nombreuses existant.
Conduite à tenir
Le syndrome catatonique est une urgence diagnostique.
Des examens complémentaires sont utiles afin de :
- rechercher une étiologie organique ou toxique
- évaluer les complications associées : dénutrition, complication de décubitus, désordres hydro-électrolytiques, infections, complications bucco-dentaires.
Le traitement repose sur la prescription de benzodiazépines (ex. Lorazepam).
- Les antipsychotiques n'ont pas d’efficacité prouvée sur la catatonie et comportent un risque d’aggravation des troubles psychomoteurs pour ceux dont l’action anti-D2 est prononcée.
- Dans les formes résistantes aux benzodiazépines ou sévères d’emblée, l’électroconvulsivothérapie (ECT) est indiquée.
Références
Clélia Quiles, Ali Amad, Jean-Arthur Micoulaud-Franchi, Thomas Fovet, Pierre Thomas, Sémiologie du syndrome catatonique, Volume 5198, Issue 5, 06/2017, Pages 413-503, ISSN 0003-4487
The Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (5th ed.; DSM–5; American Psychiatric Association [APA], 2013)