Addiction aux amphétamines
Dernière modification : 18.12.2024
Les amphétamines (ou "speed", "bennies", "crank", "cristal") sont des stimulants du système nerveux central ("upper") qui induit une hypertension et une tachycardie, ainsi qu’une plus grande confiance en soi et une sociabilité et énergie accrues.
Sémiologie
Les effets aigus d’une consommation sont des effets euphorisants et stimulants :
- Euphorie et sensation de bien-être.
- Renforcement de la confiance en soi.
- Attention et une concentration accrues.
- Accélération du déroulement des pensées.
- Augmentation du désir sexuel.
- Augmentation de la pression sanguine.
- Accélération du rythme cardiaque.
- Dilatation des bronches.
- Augmentation de la fréquence respiratoire.
Le syndrome d’intoxication aiguë aux amphétamines est caractérisé par :
- une hyperthermie maligne
- un syndrome sérotoninergique
- des manifestations centrales : hyperthermie, agitation , confusion, convulsions, coma, mydriase avec réaction a la lumière conservée, sueurs profuses.
- des manifestations périphériques : tachycardie, hypertension, sudation, pâleur par vasoconstriction périphérique, rhabdomyolyse, nausées, vomissements.
L'intoxication aiguë aux amphétamines est une urgence médicale.
Le syndrome d’intoxication chronique est caractérisé par :
- une perte de poids (effet anorexigène des amphétamines),
- un affaiblissement du système immunitaire,
- des lésions de certains organes (rénales, digestives, pulmonaires, cardiaques)
- un assèchement des muqueuses de la bouche et de la gorge,
- un état d’épuisement avec des troubles graves du sommeil,
- des symptômes anxieux, dépressifs, et émotionnels (irritabilité, sautes d’ humeur ) sans épisode caractérisé,
- des symptômes psychotiques transitoires avec hallucinations , idées délirantes et troubles du comportement.
L'usage à risque d'amphétamine est :
- tout usage d'amphétamines ne répondant pas aux critères d’un trouble lié à l’usage.
Parmi les troubles liés à l'usage des amphétamines on distingue :
- l' usage nocif ,
- la dépendance .
Le syndrome de sevrage en amphétamines se caractérise par :
- une dysphorie , une asthénie intense, une anhédonie , des troubles du sommeil, des troubles de la concentration.
Complications
Complications psychiatriques :
- Trouble dépressif.
- Troubles psychotiques.
- Attaques de panique.
- Risque suicidaire.
- Troubles cognitifs.
- Troubles de l’ humeur (trouble bipolaire, trouble dépressif)
- Troubles anxieux.
Complications non-psychiatriques :
- Cardiovasculaires : syndrome coronarien aigu, urgence hypertensive (notamment dissection aortique), trouble du rythme, OAP, cardiomyopathies.
- Neurologiques : AVC ischémique, hémorragie cérébrale, manifestations motrices extrapyramidales (trémor, mouvements choréiformes, hyperréflexie, bruxisme, trismus).
- Vasculaires : insuffisance rénale aigue (rhabdomyolyse), ischémie intestinale (colite ischémique), coagulation intravasculaire disséminée (CIVD), hépatotoxicité avec insuffisance hépatique aigue, vascularites nécrosantes, hypertension pulmonaire en cas d’abus chronique.
- Cutanéo-muqueuses : lésions dermatologiques et ORL et odontologiques avec la méthamphétamine.
Liées au mode de consommation :
- Infections virales (VIH, VHC, VHB +/- D) et bactériennes (syphilis, gonocoque, chlamydia).
Évaluation
Évaluer la consommation :
- quantité hebdomadaire,
- fréquence hebdomadaire,
- autres substances consommées (alcool, médicaments, autres drogues)
Dépister les complications et comorbidités.
Conduite à tenir
Toute consommation d'amphétamines doit faire adresser à un addictologue :
- favoriser l'alliance thérapeutique, impliquer l'entourage si possible,
- intervention brève pour rappel des risques de l'usage,
- information sur les ressources et lieux d'aides disponibles,
- prise en charge des comorbidités psychiatriques et non psychiatriques.
La stratégie est celle de la réduction des risques et des dommages.
Interventions psychosociales :
- Entretien motivationnel.
- Thérapie cognitive et comportementale pour la prévention des reprises du mésusage .
Traitement médicamenteux :
- aucun traitement n'a d'AMM concernant le traitement pharmacologique de l’ usage nocif et de la dépendance aux amphétamines,
- les antipsychotiques peuvent être utiles pour traiter les symptômes psychotiques,
- les sédatifs peuvent soulager les symptômes de sevrage (hydroxyzine).
Les traitements par benzodiazépines sont à éviter.
Références
AESP, CNUP, & CUNEA. (2021). Référentiel de Psychiatrie et Addictologie (3e édition conforme au nouveau programme) Psychiatrie de l’adulte. Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Addictologie (Presses Universitaires François Rabelais).
The Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (5th ed.; DSM–5; American Psychiatric Association [APA], 2013)