Burnout ou syndrome d'épuisement professionnel
Dernière modification : 19.02.2022
Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout, se traduit par un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ».
Sémiologie
Le syndrome d'épuisement professionnel est décrit comme un processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers trois dimensions :
- l’épuisement émotionnel,
- le cynisme vis-à-vis du travail ou dépersonnalisation (déshumanisation, indifférence),
- la diminution de l’accomplissement personnel au travail ou réduction de l’efficacité professionnelle.
Ce syndrome peut se traduire par des manifestations plus ou moins importantes, d’installation progressive et souvent insidieuse, en rupture avec l’état antérieur, notamment (liste non exhaustive) :
- émotionnelles : anxiété, tensions musculaires diffuses, tristesse de l’humeur ou manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité, absence d’émotions ;
- cognitives : troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration, des fonctions exécutives ;
- comportementales ou interpersonnelles : repli sur soi, isolement social, comportement agressif, parfois violent, diminution de l’empathie, ressentiment et hostilité à l’égard des collaborateurs ; comportements addictifs ;
- motivationnelles ou liées à l’attitude : désengagement progressif, baisse de motivation et du moral, effritement des valeurs associées au travail ; doutes sur ses propres compétences (remise en cause professionnelle, dévalorisation) ;
- physiques non spécifiques : asthénie, troubles du sommeil, troubles musculo-squelettiques (type lombalgies, cervicalgies, etc.), crampes, céphalées, vertiges, anorexie, troubles gastro-intestinaux.
Étiologie
Les professionnels de santé sont une population particulièrement à risque étant donné la pénibilité de leur travail que ce soit pour des causes intrinsèques liées à la nature même de l’activité médicale (confrontation avec la souffrance et la mort, prises en charge impliquant l’entrée dans l’intimité des patients, etc.) ou des causes extrinsèques (charge et organisation du travail, etc.).
Diagnostics différentiels
Un bilan somatique doit rechercher une pathologie organique associée qui aurait pu se manifester par certains des symptômes cités précédemment.
D'autres troubles psychiatriques doivent être recherchés tels que :
Évaluation
L’analyse des conditions de travail est faite prioritairement avec le médecin du travail, ou le centre de consultation de pathologie professionnelle.
Le potentiel suicidaire doit particulièrement être évalué.
La recherche des facteurs de risque repose sur une démarche structurée, coordonnée par le médecin du travail avec l’appui de l’équipe pluridisciplinaire (ergonome, psychologue du travail, etc.). Elle peut s’appuyer sur les six catégories de facteurs de risque psychosociaux suivantes tirées du rapport Gollac :
- intensité et organisation du travail (surcharge de travail, imprécision des missions, objectifs irréalistes, etc.) ;
- exigences émotionnelles importantes avec confrontation à la souffrance, à la mort, dissonance émotionnelle ;
- autonomie et marge de manœuvre ;
- relations dans le travail (conflits interpersonnels, manque de soutien du collectif de travail, management délétère, etc.) ;
- conflits de valeurs ;
- insécurité de l’emploi.
L’existence de ressources dans le travail est protectrice (soutien social, stabilité du statut, collectif de travail vivant, moyens techniques, matériels et humains suffisants).
L’analyse doit également porter sur les antécédents personnels et familiaux, les événements de vie, la qualité du support social et le rapport au travail.
Le risque de développer un syndrome d’épuisement professionnel peut être associé à des antécédents dépressifs, à certains traits de personnalité pouvant limiter les capacités d’adaptation ( coping ).
Ces facteurs individuels ne peuvent servir qu’à préconiser une prévention renforcée, et ne sauraient bien sûr en aucun cas constituer un élément de sélection des travailleurs, ni exonérer la responsabilité des facteurs de risque présents dans l’environnement de travail.
Le Maslach Burnout Inventory (MBI) ou le Copenhagen Burnout Inventory (CBI) permettent d’évaluer le syndrome d’épuisement professionnel, mais ils n’ont pas été construits comme des instruments d’évaluation individuelle. Ils peuvent être éventuellement utilisés comme outil pour guider un entretien avec le patient.
Conduite à tenir
Elle repose sur :
- la prescription d’un arrêt de travail,
- la prescription d’un traitement antidépresseur est uniquement recommandée dans le cadre de ses indications (troubles anxieux, troubles dépressifs),
- des interventions psychothérapeutiques ou psychocorporelles,
- une prise de contact avec le médecin du travail ou en consultation de pathologie professionnelle,
- l'accompagnement psycho-social (démarches médico-administrative),
- l'accompagnement du retour au travail.
Quand adresser vers un psychiatre ?
- si nécessité d'aide au diagnostic et à la prise en charge médicamenteuse,
- si besoin d'adaptation thérapeutique,
- s'il s'agit d'un trouble sévère.
Les soignants nécessitent une prise en charge spécifique via un réseau de soin adapté. Au même titre que les autres groupes professionnels, celle-ci implique le respect de la confidentialité et une réactivité adaptée, d’autant que la demande d’aide peut être retardée. Un soutien social est indispensable. Les professionnels de santé salariés bénéficient d’un suivi au sein de leur service de santé au travail comme tout autre travailleur salarié.
Références
HAS, Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d'épuisement professionnel ou burn-out. RECOMMANDATION DE BONNE PRATIQUE - Mis en ligne le 22 mai 2017.
Ressources
Maslach Burnout Inventory (MBI)
Le test d'inventaire de burnout de Malasch permet d’évaluer le syndrome d’épuisement professionnel