Addiction aux opiacés
Dernière modification : 18.12.2024
Les opioïdes constituent une famille de produits obtenus à partir de l’opium, produit sédatif d’origine naturelle provenant de cultures de pavot. On y trouve la morphine, l’héroïne, la codéine, la méthadone mais aussi le fentanyl, le tramadol et la buprénorphine entre autres.
Sémiologie
Intoxication aigue :
- Effets euphorisants et bien-être intense
- Troubles de l’attention, dysarthrie , myosis et parfois des nausées ou vomissements,
- La phase d’ euphorie est suivie d’une symptomatologie en miroir, avec dysphorie , irritabilité et anxiété.
L'usage à risque d'opiacés est :
- tout usage ne répondant pas aux critères d’un trouble lié à l’usage.
Parmi les troubles liés à l'usage des opiacés on distingue :
- l' usage nocif ,
- la dépendance .
Le syndrome de sevrage en opiacés se caractérise par :
- une humeur dysphorique, irritabilité,
- des nausées, vomissements,
- des douleurs musculaires (lombaires et membres inférieurs),
- un larmoiement, une rhinorrhée,
- une mydriase, piloérection, sueurs,
- des diarrhées, avec douleurs intestinales,
- des bâillements,
- une fièvre,
- une insomnie .
Comorbidités
- Autres addictions : alcool
- Troubles psychiatriques : trouble dépressif, trouble bipolaire, troubles anxieux et trouble de la personnalité
Complications
- Surdose : coma par dépression respiratoire (fréquence respiratoire inférieure à 12/minute), avec myosis et abolition des réflexes ostéotendineux.
- Complications infectieuses liées à l'utilisation de seringues non stériles
- Troubles du sommeil : l'héroïne induit des troubles de l'architecture du sommeil
- Troubles cognitifs : troubles de l’attention et des fonctions exécutives
- Syndrome amotivationnel qui survient après des périodes prolongées de consommation : apragmatisme , athymormie, désintérêt, retrait social, dépressivité.
- Autres complications somatiques : baisse de libido, aménorrhée, altération de l’état bucco-dentaire, constipation, sclérose des veines, pigmentation post-inflammatoire des sites d’injection, lymphœdèmes au niveau des mains.
La teneur élevée de paracétamol, pouvant atteindre 500 mg pour un gramme d’héroïne consommée peut exposer le consommateur à une toxicité hépatique à long terme.
Évaluation
Évaluer la consommation :
- quantité hebdomadaire,
- fréquence hebdomadaire,
- autres substances consommées (alcool, médicaments, autres drogues)
Dépister les complications et comorbidités.
Conduite à tenir
Tout trouble de l'usage d'opiacés doit faire adresser à un addictologue.
- favoriser l'alliance thérapeutique, d'impliquer l'entourage si possible,
- intervention brève pour rappel des risques de l'usage,
- information sur les ressources et lieux d'aides disponibles,
- prise en charge des comorbidités psychiatriques et non psychiatriques.
La stratégie est celle de la réduction des risques et des dommages.
Intervention psychosociales :
- Entretien motivationnel.
- Thérapie cognitive et comportementale pour la prévention des reprises du mésusage .
Traitement médicamenteux :
- La méthadone et la buprénorphine sont les seuls médicaments à disposer en France d’une AMM pour l’addiction à l’héroïne et aux opiacés.
- Ils sont indiqués dans l’addiction ou trouble de l’usage des opiacés et selon un objectif clarifié : devenir abstinent ou suspendre la perte de contrôle de l’usage de l’opiacé ayant engendré la dépendance
- En France, la méthadone et la buprénorphine sont disponibles en pharmacie.
- La buprénorphine peut être prescrite par tout médecin, alors que la méthadone ne peut être prescrite initialement que dans le cadre d’un centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) ou un hôpital.
Les traitements par benzodiazépines sont à éviter.
Références
AESP, CNUP, & CUNEA. (2021). Référentiel de Psychiatrie et Addictologie (3e édition conforme au nouveau programme) Psychiatrie de l’adulte. Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Addictologie (Presses Universitaires François Rabelais).